MAX GILLET : DANS L’IMPALPABLE

par Jean-Paul Gavard-Perret, source Arts-up.

Max Gillet lorsqu’il peint ou dessine évite les dispositions régulières telles que le cercle, le carré, le rectangle. Il préfère la folie du geste. Si les formes déjà crées hantent son esprit - puisqu’il existe une part de mémoire dans l’imaginaire - l’artiste les retrouve simplement dans le mouvement de sa main. A voir son œuvre nous sommes donc soumis à un certains nombres de réminiscences,correspondances et analogies.
Toutefois Max Gillet inscrit dans ses formes un rythme, une coloration, des nuances qui lui appartiennent en propre même s’il peut être inspiré à tel ou tel moment par un art très différent du sien. Sa personnalité inquiète transparaît dans ses inventions du trait. Le pinceau met à distance le réel et fait pénétrer au plus profond d’une vision intérieure non sans une certaine douceur. Existent une transparence de la lumière et une légèreté des signes inventés.
Gillet crée une alliance rare entre la finesse des coloris et la délicatesse des formes installées sur le support avec un sens de graphiste. La lumière semble venir par en dessous, subrepticement, là où les formes vibrent. On passe près du proche et du lointain avec la sensation de l’espace et du temps. Surgit une traversée effectuée par des signes en suspens dans le mouvement. A quoi s’ajoutent le geste de la main dont les « accidents » du pinceau témoignent.
Une évasion vers l’infini est organisé par le moindre. Existent l’élan mais aussi son contrôle. Max Gillet crée une appropriation de tous les accidents de la touche jusqu’à assurer l’équilibre de ses compositions. Cela nécessite malgré l’impression de vitesse d’exécution une force de concentration et une intense préparation.  Tout est installé pour retenir le surprise et pour accueillir sa naissance. En une possession maîtrisée, voir et toucher ne sont plus qu’un même acte jusque dans l’impalpable.
Jean-Paul Gavard-Perret